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Conférences de L'Unebévue 2014

 

lauzerouaud iUne machine... bambina !

L'art s'il est un acte politique ne peut pas être "consolatoire"

par Mireille Lauze - Jean-Rouaud et JH Paquot

Samedi 17 mai 2014

à L'Entrepôt 7 à 9 rue de Pressensé 75014 PARIS 


Argument

 

L'oiseau repose sur ses ailes dans les vents, docile à chaque souffle, étincelle vivante dans la tempête, dont la survie lumineuse dépend de sa suprême mutabilité et de sa puissance de métamorphose. D'où est venu cet oiseau, où il va, de quelle terre ferme il s'est envolé, et sur quelle terre ferme il repliera ses ailes et se posera, ceci n'est pas la question. C'est un problème d'avant et d'après. Maintenant, dans l'instant même, l'oiseau vole à tire-d'aile dans le vent.
O.H. Lawrence
« Je ne veux arriver nulle part. Il n'y a pas d'arrivées. Cela ne m'intéresse pas où quelqu'un arrive. Un hormie peut aussi arriver à la folie, qu'est-ce que ça veut dire ? »
Créer se fait dans le tourbillon de l'instant.
Nous nous jetterons dans le milieu machinique d'un drôle d'oiseau qui a agi ses métamorphoses dans le théâtre, le cinéma, la télévi sion, la radio...
Autant de machines de guerre lancées contre tout ce qui veut nous rendre majeurs...

Les corps seront désorganisés par une écoute-vue et des imagesentendues, les textes seront désécrits et vocalisés, les gestes seront musicaux...
Alors, peut-être, saurons-nous lire, ainsi que, bambina, « je lisais, comme, sans le développement du concept, s'ouvraient le soir les fleurs blanches des jasmins sur le fondu noir des buissons ».
« Certains couchants, c'est vrai, ne reviendront plus, car dès que le désenchantement adolescent lève du sol de son enfance son visage confus, il a dans les yeux le dernier couchant ».
 
 

Morceaux


Pour travailler, il faut multiplier les handicaps. Quand je monte sur scène, c'est toujours au dernier moment. Il faut casser chaque forme de pouvoir, à chaque fois. Et prendre garde que le théâtre ne devienne un pouvoir. Je déteste le théâtre. Nous sommes toujours dans cette équivoque du pouvoir. L'Etat, ce n'est pas moi! Détruire l'Etat qui est en nous: on ne peut pas ne pas être d'accord avec Deleuze. On est toujours dans la représentation de l'Etat, au ministère de la Culture et dans la culture du ministère.
Quand il écrivait le Château, Kafka disait qu'il était si heureux qu'il imitait le chant du coq. Kafka est tutto porno. Tout porno et comique. Un grand comique qui fait mal. C'est un des auteurs autour de qui il existe le plus de malentendus.
Il faut détruire Hamlet. Ce qui est intéressant dans Shakespeare, c'est ce qui n'est pas écrit. Je retraduis et je prends ce que Shakespeare s'est caché à lui-même, les signifiants et pas les signifiés, pour en faire un livret. Je coupe à la hache.
Moi, je suis heureux d'être en morceaux.
Après le spectacle, Lacan est monté dans ma loge par l'ascenseur. J'étais en train de me démaquiller, il y avait des miroirs, nous ressemblions à deux vampires. Il m'a dit: "A partir de cette nuit, je vais relire tout Shakespeare". Lacan est comme Sade. C'est la personne la plus éthique de tous les temps. Généreux jusqu'au vice, disait Deleuze.
Cela fait trente ans que je ne vais plus ni au cinéma ni au théâtre. On ne peut pas passer son temps à s'ennuyer. Je ne comprends pas pour quoi on va au théâtre alors qu'on a l'émotion du sport. C'est une émo tion de surface, mais il n'y a rien de mieux que la surface. Platini était une vraie machine de plaisir. Je le dis comme un paradoxe sérieux: Platini est le plus grand artiste français de ce siècle.


 

Lien vers L'unebévue Revue N° 32 Interchangeable et chaosmose II p52

 

Lien vers unebeweb 31/32 Carmelo Bene...poète histrion-cabotin