PLACE PUBLIQUE 2025
La question de la sensation dans l'exercice de la psychanalyse
par Marcelo REAL
samedi 5 avril de 9h à 16H30
à L'Agora 64, rue du Père Corentin Paris 75014
Métro ligne 4 Porte d'Orléans, Bus 38 & 92, Tram T3a
Argument
Cet essai [Esquisse d’une psychologie scientifique] fait partie des textes que Freud soumit à Fliess, et que celui-ci finit par abandonner dans un de tiroirs de son bureau, ce qui a fait que, pendant plusieurs décennies, on n’en avait pas entendu parler. D’ailleurs, dans ce tiroir, se trouvent probablement les aspects les plus essentiels de l’œuvre de Freud, que nous verrons projetés dans ses théorisations ultérieures. Et il est également probable que le problème du réductionnisme et du familialisme se situe exactement dans la distance qui existe entre le manuscrit dans le tiroir et l’exercice d’une sensibilité, d’une ouverture aux singularités des champs que Freud abordait.
Guattari et Rolnik, Micropolitiques. 1986, p. 297.
Le psychanalyste ne se sent que rarement appelé à faire des recherches d'esthétique, même lorsque, sans vouloir borner l'esthétique à la doctrine du beau, on la considère comme étant la science des qualités de notre sensibilité. Il étudie d'autres couches de la vie psychique et s'intéresse peu à ces mouvements émotifs qui – inhibés quant au but, assourdis, affaiblis, dépendant de la constellation des faits qui les accompagnent – forment pour la plupart la trame de l'esthétique. Il est pourtant parfois amené à s'intéresser à un domaine particulier de l'esthétique, et généralement c'en est alors un qui se trouve à côté et négligé par la littérature esthétique proprement dite.
L'« Unheimliche », l'inquiétante étrangeté, est l'un de ces domaines. Sans aucun doute, ce concept est apparenté à ceux d'effroi, de peur, d'angoisse, et il est certain que le terme n'est pas toujours employé dans un sens strictement déterminé, si bien que le plus souvent il coïncide avec « ce qui provoque l'angoisse ».
Freud, L’inquiétante étrangeté, 1919.
[...] l'angoisse c'est la sensation du désir de l'Autre [...] Si je ne me sais plus objet éventuel de ce désir de l'Autre, cet Autre qui est en face de moi, sa figure m'est entièrement mystérieuse, dans la mesure surtout où cette forme comme telle que j'ai devant moi ne peut en effet non plus être constituée pour moi en objet, mais où tout de même je peux sentir un mode de sensations qui font toute la substance de ce qu'on appelle « l’angoisse », de cette oppression indicible par où nous arrivons à la dimension même du lieu de l'Autre en tant qu'y peut apparaître le désir.
Lacan, L’identification, 4 avril 1962.
Si élaboré qu’on le fasse – c’est à quoi l’analyse vous ramène – si élaboré qu’on le fasse, dans l’Imaginaire on y est. Il y a pas moyen de le réduire dans son imaginarité. C’est en ça que la topologie fait un pas. Elle vous permet de penser – mais c’est une pensée d’après-coup – que l’esthétique [...] que ce que vous sentez, autrement dit – n’est pas en soi, comme on dit, transcendantale : que c’est lié à ce que nous pouvons très bien concevoir comme contingence, à savoir que c’est cette topologie-là qui vaut pour un corps. Encore n’est-ce pas un corps tout seul ! S’il n’y avait pas de Symbolique et d’ex-sistence du Réel, ce corps n’aurait simplement pas d’esthétique du tout, parce qu’il n’aurait pas de tore-boyau.
Lacan, R.S.I., 18 mars 1975.
Les percepts ne sont plus des perceptions, ils sont indépendants d’un état de ceux qui les éprouvent ; les affects ne sont plus des sentiments ou affections, ils débordent la force de ceux qui passent par eux. Les sensations, percepts et affects, sont des êtres qui valent par eux-mêmes et excèdent tout vécu. Ils sont en l’absence de l’homme, peut-on dire, parce que l’homme, tel qu’il est pris dans la pierre, sur la toile ou le long des mots, est lui-même un composé de percepts et d’affects.
Deleuze et Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ? 1991.
Le matin
Nos projetterons un film venu d’Orient en passant par Bogotá. On y trouve... de la mutation subjective à partir d'une sensation étrangère, de la sensibilité à deux, des sensibilia – l’arbre ou la pierre qui gardent les mémoires, les vibrations, les sensations –, du chamanisme amérindien, de l’espagnol aussi...
L’après-midi,
Marcelo Real va présenter une partie de ses travaux sur “les micropolitiques de la sensation, analyse de l’inconscient et psychédélie”, sous le titre, pour aujourd’hui, de “La question de la sensation dans l’exercice de la psychanalyse”. Le débat peut se développer sur la base de quelques textes freudiens, lacaniens et guattariens afin de problématiser l’analyse comme pratique sémiotique et micro-politique de rupture du sens commun et de dérèglement des sens, qui bouleverse les rapports entre le sens et les sens et produit des mutations dans la sensibilité.
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Des articles et des livres :
S. Freud :
- La naissance de la psychanalyse, PUF, 1950.
- L’inquiétante étrangeté, 1919.
- Malaise dans la civilisation, 1929.
J. Lacan
- R.S.I. (1974-1975).
- D’un Autre à l’autre (1968-1969).
- L’identification (1961-1962).
G. Deleuze, Francis Bacon, Logique de la sensation, Éditions du Seuil, 1981.
G. Deleuze et F. Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ? Les Éditions de Minuit, 1991.
F. Guattari et S. Rolnik, Micropolitiques, Empêcheurs, 1986.
M. Real. “Le plan guattarien de composition de sensations”, Revue Chimères. Guattari +30. N° 101, 2022, pp. 167-178.
Vous trouverez les annonces et certains textes sur le site de L’unebévue à www.unebevue.org.
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Inscription sur place à 9h.
Participation aux frais pour la journée : 30 euros - tarif réduit possible.
adresse mail : unebevue@wanadoo.fr
L’unebévue revue de psychanalyse
82 avenue de breteuil 75015 paris unebevue@wanadoo.fr
www.unebevue.org