Saint Foucault un miracle ou deux ?
Ouvrage collectif sous la direction de Mayette Viltard
ISSN : 1284-8166, ISBN : 978-2-914596-39-8, 279 p. 20 €
« Pour moi, ce type était un putain de saint ». Le putain de saint en question est Michel Foucault. Le type qui a écrit la phrase est David Halperin, dans son livre Saint Foucault : Towards a Gay Hagiography. « La béatification de Foucault par Halperin est une absurdité réfléchie », dit Catherine Lord, « à la fois une éviscération de l'homophobie et une ode à la fabrication d'un moi queer ». Elle ajoute : « On ne devient pas un saint sans réaliser un miracle ou deux. L'histoire de la sexualité de Foucault fut à l'époque la plus grande source intellectuelle d'inspiration des militants de la lutte contre le sida. »
Le combat pour avoir le dernier mot dans l'interprétation et le contrôle de la représentation, inhérent à la situation biographique en général, prend une dimension politique irréductible quand il s'agit d'une vie gaie. Tout en tenant qu'à partir du XIXe siècle, la description devient une des technologies politiques d'examen produisant des corps dociles, et des cas, Foucault a évoqué le « grondement de la bataille ». Celle des anormaux, dont les « récits de vie », sous toutes leurs formes artistiques, ne sont pas des psychobiographies mais des faits d'écriture, de création, points intenses des vies infâmes, sources de lignes de fractures, de collisions, d'inventions. Celle également des « récits de soi », des pratiques des arts de l'existence, peut-être porteuses d'une nouvelle subjectivité.
« Les mutations du capitalisme ne trouvent-elles pas un vis-à-vis inattendu dans la lente émergence d'un nouveau Soi comme foyer de résistance ? » questionne Deleuze.
Faire de sa vie une œuvre éclatante...
RENÉ DE CECCATTY, ISABELLE CHÂTELET, STÉPHANE NADAUD, SUSANA BERCOVICH, STELIOS SARDELAS, FRANÇOISE JANDROT, CATHERINE LORD, DENIS PETIT, MAYETTE VILTARD, JEAN ALLOUCH, ALICIA LARRAMENDY, FELIPE BRUNO MARTINS FERNANDES, COLETTE PIQUET, DAVID HALPERIN.
DOCUMENT :
Cadáveres/EVITA VIVE La mauvaise langue de Néstor Perlongher par Alicia Larramendy