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innocence violeeL'innocence violée ? Le petit Hans Herbert Graf

Devenir metteur en scène d'opéra

François Dachet

l'unebévue éditeur, ISSN : 1284-8166, ISBN : 2-914596-21-9, 96 p. 10€

Il y a précisément cent ans, Freud rédigea le texte du Cas de phobie d'un petit garçon de cinq ans, connu comme Cas du petit Hans. Sous ce pseudonyme prêté au jeune Herbert Graf, Freud fit savoir une conception de la sexualité infantile élaborée essentiellement avec ses analysants adultes. La psychanalyse garda ensuite jalousement séparés le symptôme phobique de Hans confit dans le texte freudien et l'œuvre artistique de renommée internationale qu'Herbert Graf poursuivit jusqu'à sa mort en 1973. « La publication de cette première analyse d'un enfant avait causé un grand émoi et encore plus d'indignation ; on avait prédit tous les malheurs au pauvre petit garçon, violé dans son innocence en un âge si tendre et victime d'une psychanalyse », écrit Freud en 1922.

La relance signifiante et littérale produite à partir du séminaire de Lacan n'est pas parvenue à arracher complètement ces questions aux jugements pédagogiques, normalisateurs, voire psychopathologiques. Ceux-ci convergent aujourd'hui avec les actes et règlements juridico-politiques qui mènent à une éradication subjective des enfants au motif de protéger leur innocence supposée. Restituer l'œuvre de Herbert Graf à la psychanalyse permet de réfléchir à ces questions sans heurter de front l'émoi que leur évocation suscite dans les institutions comme dans la cité. Et de se demander quel rapport la psychanalyse entretient actuellement avec ses « cas ».