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amourAmour et ironie

Six remarques sur l'éros platonicien

David Halperin

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Châtelet

ISBN : 2-914596-13-8, ISSN : 1284-8166, 56 p. 10€

L’ironie s’oppose à l’intensité. Dans des moments de sensation intense, extrême, on devient littéral : on ne peut vivre qu’une expérience à la fois. Les trois expériences cardinales qui exigent l’élimination de l’ironie, ou qui ne peuvent en réchapper, sont la souffrance à l’état brut, le transport religieux, la passion sexuelle. Guère étonnant qu’elles aient tendance à se confondre.
Le désir érotique semble donc se situer aussi loin que possible de l’ironie. Et pourtant il serait difficile d’imaginer démonstration plus éclatante ou plus éloquente de l’ironie que l’expérience vécue du désir érotique. Platon, le premier dans l’histoire occidentale à élaborer une théorie du désir érotique, est aussi à l’origine de notre concept d’ironie. Certes l’ironie platonicienne, sur son versant le mieux connu, a trait au savoir, non à l’érotique. Mais dans cette brève étude, David Halperin nous montre que l’ironie de l’eros platonicien, moins démonstrative que l’ignorance socratique, est une ironie implacable que Platon place dans cet écart entre l’expérience subjective de l’amour et sa vérité.
Non seulement il convient mais il est nécessaire et révélateur que le Banquet de Platon ne relève d’aucun genre littéraire pré-existant.