L'UNEBÉVUE N°42 : Sémiotiques d'enfance
ISBN : 978-2-914596-70-1, ISSN : 1168-148X, 25€.
♦ Comité nomade : Marie Jardin, Luc Parisel, Anne-Marie Vanhove
♦ Cahiers de l'Unebévue : À venir
L’unebévue-éditeur, 2025. (Supplément gratuit aux abonnés).
Sommaire
Sensations de la terre. Marcelo Real
La question porte ici sur la puissance de l’analyse pour transformer, par ses moyens spécifiques, la sensibilité. Une analyse a-t-elle pour objectif de dominer ou d’éliminer certaines sensations ? S’agirait-il de les produire, ou d’en amplifier, d’en démultiplier les effets ? En définitive, que peut sentir un corps lors de la psychanalyse ? Et jusqu’à quel point l’analyse permet-elle de se sentir autrement ?
Au fil du lent cheminement dans les confins de ces questions, il est apparu que les textes de Freud, Lacan et Guattari servaient, parfois contre toute attente, d’extraordinaires boîtes à outils pour ouvrir la voie à la construction de cette problématique de la sensation dans le champ des pratiques de l’inconscient et apportaient même des pistes permettant de reformuler l’analyse en termes de pratique de devenir-sensible, d’exercice déréglé de la sensibilité.
...9
Les grandes espérances. (Extrait). Charles Dickens
C’est égal ! dit-il en jetant les yeux sur le sol humide. Je voudrais bien être grenouille ou anguille.
En même temps il entoura son corps grelottant avec ses grands bras, en les serrant tellement qu’ils avaient l’air de le maintenir rassemblé, et s’en alla en boitant le long du mur de l’église. Comme je le regardais s’en aller à travers les ronces et les orties qui couvraient les tertres de gazon, il sembla à ma jeune imagination qu’il évitait, en passant, les mains que les morts étendaient avec précaution hors de leurs tombes, pour le saisir à la cheville et l’attirer chez eux.
...30
Un poème est écrit. Eve Kosofsky Sedgwick
Traduction Anne Marie Vanhove, Marie Jardin, Philippe Patry
Quand j’étais petite fille, les deux choses les plus rythmées qui m’arrivaient étaient la fessée et la poésie. Ce n’était pas qu’on me donnât beaucoup de fessées : ma grande sœur et moi ainsi que notre petit frère, étions des enfants sages, aimés et pas maltraités, et il importe de souligner que ce récit prend place dans un bain de nourrissage culturel et pédagogique fait d’attention et de générosité émotionnelles autant qu’intellectuelles. Pourtant parfois, cela est certain, dans les moments les plus mémorables de notre vie d’enfant (sauf que nous nous les rappelons à peine), soudain à l’intérieur d’un espace paisible et plaisant, en l’occurrence celui de la culture familiale Biedermeier des juifs américains des années cinquante assimilés et en ascension sociale, là se constituait un autre espace tenant en haleine, petit théâtre éphémère visible et fascinant du bas du corps d’un enfant, bas du corps immobilisé et involontairement exposé. Du corps de l’un de nous.
...39
David Copperfield. Extrait. Charles Dickens
Je ne crois pas avec tout cela que je sois un très mauvais sujet, mais je n’en porte pas moins la pancarte toujours dans mon dos. Prenez garde à lui ! Il mord !
...97
Passion pour l’innocence.. Linda Hart
Traduction Luc Parisel
Je n’ai ni le goût ni l’intention dans cet article, de revisiter le débat des arguments selon lesquels l’inceste a réellement lieu ou s’il est un fantasme omniprésent chez la femme. Il survient fréquemment et de façon courante. Et c’est un fantasme envahissant. Transformer ce problème en une question de vérité versus « fiction/fantasme » nous mène dans une impasse, et nous encourage à oublier que nous vivons, heure après heure, sur la base des fantasmes des hommes blancs hétérosexuels, auxquels nous devons nous référer comme réalité.
...99
Coming out d’une analyste. Susana Bercovich
À dix-sept ans, je rêvais d'être une femme grande, blonde et svelte. C'était normal : je voulais être comme ma psychanalyste. Je n'avais aucunement l’idée que ma perdition était commencée. J'étais déjà embarquée dans cette affaire, il ne me restait plus qu'à le savoir.
Supplément au n°42
à venir
