La fluide efficacité de la forme
les 21 et 22 octobre 2017
Goethe Institut 4 bis rue Clémence Isaube 31000 Toulouse
Samedi de 9H à 18H et dimanche de 9H30 à 16H
Nous commencerons par un film littéralement épouvantable, comique, naturelle- ment. Une phrase de Pignare et Stengers pour l’évoquer : « Le « système sorcier sans sorciers » qu’est le capitalisme pratique la capture « corps et âme » des travailleurs et chômeurs qui doivent être prêts à accepter n’importe quoi ». Pas de petite niche pour se penser quand même innocents, Sam Bourcier a la formule qui tue : « Le capitalisme transforme chaque niche en maison ».
Faut-il vraiment que les psychanalystes se brisent à la forêt tropicale, aux chiens, aux sacs à provision, aux enchevêtrements, aux gestes spéculatifs, aux jeux de ficelles, s’ils veulent que leur pratique soit ouverte, se transforme, se métamorphose, à chaque moment, chaque séance, chaque parole ?
Avec ses ficelles, Lacan avance des mots hasardeux, nous sommes un sac de peau fermé par un nœud de ficelles, c’est-à-dire ouvert, cosmologique, écologique. Et cette ouverture ? « Impossible d’écrire la relation sexuelle entre deux corps de sexe différent. C’est par là que se fait l’ouverture par quoi c’est le monde qui vient à nous faire son partenaire » dit-il.
Alors, les volutes invisibles des odeurs, les rythmes des grillons, le mouvement des ombres, tout cela, en un sens, constitue le corps subtil de nos pensées, comme le dit Abram, avec les Hopis, les Navajos, les Inuits, les aborigènes australiens, etc. Chaque lieu, chaque écologie, semblent posséder leur intelligence particulière, leur propre dialecte de sol, de feuilles et de ciel. Le langage, pour les peuples de tradition orale, n’est pas une invention humaine mais un don de la terre elle-même. Et dans ce monde de signes, les forêts vivantes pensent, pas les pierres. « La sémiose est le nom de ce processus vivant de signe, par lequel une pensée en fait émerger une autre, qui à son tour en fait émerger une autre, et ainsi de suite vers un futur potentiel. Les signes vivants ne sont pas seulement dans l’ici et le main- tenant mais aussi dans le domaine du possible ». La vie est intrinsèquement sémiotique. Eduardo Kohn tient cela d’un bout à l’autre de son livre. Cependant, il écrit : « Reconnaître les pensées vivantes et l’écologie des sois qu’elles font naî- tre, permet de saisir qu’il y a quelque chose d’unique à la vie : la vie pense ; les pierres, non. Le but ici, n’est pas d’identifier une force vitale essentielle ou de créer un nouveau dualisme qui remplacerait les anciens en reconduisant un grand par- tage entre les humains et le reste de la vie et du monde. Le but est de compren- dre certaines des propriétés particulières de la vie et de la pensée, qui sont occul- tées lorsque les humains, les non-humains et les interactions entre ceux-ci sont théorisés en termes de matérialité, ou selon des présupposés (souvent cachés) sur une relationnalité linguistique ancrée dans le symbolique ». Et Lacan de dire, (tardivement) : « Je parle avec mon corps, et ceci sans le savoir ».
Intervenants :
Michèle Duffau - Marie-France Basquin - Mayette Viltard - Françoise Jandrot Julio Barrera-Oro - Xavier Leconte - Marie-Magdeleine Lessana - Rosine Liénard Anne Marie Ringenbach - Anne-Marie Vanhove - François Dachet - Ninette Succab Claude Mercier - Jean-Hervé Paquot - Colette Assouly-Piquet - Marie Jardin -Luc Parisel
Quelques livres :
Sigmund Freud, Le trait d’esprit dans ses rapports avec l’inconscient. Jacques Lacan, derniers séminaires, site elp.
José Attal, La passe à plus d’un titre, la troisième proposition d’octobre de Jacques Lacan, unebévue-éditeur, 2012.
Eduardo Kohn, Comment pensent les forêts, ed ZS zones sensibles, 2017.
David Abram, Comment la terre s’est tue, Pour une écologie des sens, Les empêcheurs de penser en rond, La découverte, 2013.
Philippe Pignarre, Isabelle Stengers, La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûte- ment, Editions La Découverte, Paris, 2005, 2007/Poche.
Starhawk, Parcours d’une altermondialiste, de Seattle aux Twin Towers, pour la version française, Paris, Les empêcheurs de penser en rond/Le Seuil, 2003. La présentation d’Isabelle Stengers est reprise dans la parution de ce livre augmentée sous le titre Chroniques altermondialistes, tisser la toile du soulèvement global, aux éditions Cambourakis en 2016.
Evelyne Grossman, Éloge de l'hypersensible, ed minuit, 2017. Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille Plateaux, Paris, Minuit, 1980.
Vinciane Despret, « En finir avec l’innocence : dialogue avec Isabelle Stengers et Donna Haraway », in Penser avec Donna Haraway, sous la direction d’Elsa Dorlin et Eva Rodriguez, Paris, Presses universitaires de France, 2012.
Donna Haraway, « Sympoïèse, SF, embrouilles multispécifiques » in Gestes spéculatifs, colloque de Cerisy, ed. Didier Debaise et Isabelle Stengers, collection Drama, Dijon, Les presses du réel, 2015.
Donna Haraway, Staying with the Trouble : Making Kin in the Chthulucene, Duke University Press, 2016.
Vinciane Despret, Isabelle Stengers, Les faiseuses d’histoires. Que font les femmes à la pensée ?, Paris, Editions la Découverte, 2011.
Charles Sanders Peirce, Écrits sur le signe, traduits et commentés par Gérard Deledalle, Paris, Seuil, 1978.
Gérard Deledalle, « Traduire Charles Sanders Peirce, Le signe : le concept et son usage», in L’agora de la traduction, Vol. 3, N°1, 1990, https://www.erudit.org/fr/revues/ttr/1990-v3- n1-ttr1472/037056ar/
Sigmund Freud, Le Moïse de Michel-Ange, 1914. Giovanni Morelli, De la peinture italienne, Laguna ed, 1994.
Inscriptions sur place à 9h.
Formation permanente 275€. À titre individuel 100€. Tarif réduit 50€
CLINIC ZONES 212 avenue du Maine, 75014 PARIS - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Direction et coordination : Anne Marie Ringenbach, Mayette Viltard.